Contrat de sous-traitance | L'outil clé à ne pas négliger

Vous vous interrogez sur l’utilité d’un contrat de sous-traitance ? Votre activité s’intensifie, vous envisagez de déléguer une partie du travail à un confrère ou de l’externaliser à une autre entreprise. Tout semble prêt. Et pourtant, un doute s’installe : faut-il vraiment formaliser la relation avec un contrat ? La réponse est claire : oui, absolument. Et pas uniquement pour "faire les choses dans les règles". Dès l’instant où une mission que vous avez acceptée est exécutée par un tiers, votre responsabilité reste engagée. C’est précisément là qu’un contrat solide prend tout son sens. À quoi sert-il concrètement ? Que doit-il prévoir ? Et que risquez-vous en son absence ? Dans cet article, je vous explique tout ce qu’il faut savoir sur le contrat de sous-traitance !

Qu’est-ce qu’un contrat de sous-traitance ?

Le contrat de sous-traitance est un accord formel par lequel une entreprise, appelée le donneur d’ordre, confie à une autre entité, le sous-traitant, l’exécution d’une partie d’une mission ou d’un projet qu’elle a elle-même accepté de réaliser. En d’autres termes, le donneur d’ordre reste le principal interlocuteur de son client, qui est le maître d’ouvrage, mais délègue tout ou partie de l’exécution à un tiers.

Ce contrat n’est pas obligatoire d’un point de vue légal dans tous les cas… mais dans les faits, il est vivement recommandé, et en toute circonstance ! Pourquoi ? Parce qu’il permet de sécuriser la relation entre les deux parties : il encadre les conditions d’intervention du sous-traitant, définit clairement les responsabilités de chacun, et fixe les modalités financières, les délais et les obligations réciproques.

Le cadre légal du régime de la sous-traitance est prévu par la loi n° 75-1334 du 31 décembre 1975.

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Pourquoi mettre en place un contrat de sous-traitance ? 

Le recours à un contrat de sous-traitance répond généralement à deux grandes situations. D’abord, lorsque l’entreprise fait face à un pic d’activité qu’elle ne peut absorber seule : on parle alors de sous-traitance de capacité. Cette solution permet d’augmenter temporairement les forces de production sans avoir à embaucher, tout en respectant les délais imposés par les clients.

Ensuite, dans le cas où l’entreprise ne dispose pas des compétences techniques ou du matériel requis pour une mission spécifique, il s’agit alors de sous-traitance de spécialité. Le donneur d’ordre s’appuie ici sur l’expertise de son sous-traitant pour répondre à un besoin précis, sans devoir se former ou investir en interne.

Dans un cas comme dans l’autre, formaliser cette collaboration par un contrat est indispensable. Ce document cadre la relation, précise les engagements de chacun, sécurise l’intervention et limite les risques de litige. Il évite les malentendus et constitue une référence solide en cas de désaccord. Car comme dit l’adage : « les paroles s’envolent, les écrits restent ».

Attention tout de même, la mise en place d’un contrat de sous-traitance ne doit en aucun cas créer un lien de subordination entre le donneur d’ordre et le sous-traitant. Ce dernier reste totalement autonome et libre de son organisation pour l'exécution de sa mission. Il s’engage à atteindre un résultat ou à mettre tous les moyens en œuvre pour y parvenir, selon ce qui aura été défini dans le contrat. Dans le cas contraire, il existe un risque réel de requalification en contrat de travail, avec les conséquences juridiques et sociales que cela implique.

Contrat de sous-traitance | Quelles clauses prévoir pour se protéger ? 

Un contrat de sous-traitance bien rédigé ne se limite pas à formaliser un accord de principe : il doit surtout encadrer de façon précise la collaboration entre le donneur d’ordre et le sous-traitant. Plus le contrat est clair et détaillé, plus il sera efficace car il ne laissera aucune place aux zones grises. 

Encore un fois, il n’existe aucune obligation de conclure un contrat pour recourir à la sous-traitance. Mais dès lors que vous choisissez d’en formaliser un par écrit, ce qui reste vivement recommandé, voici les éléments essentiels à y intégrer : 

👉 L’objet du contrat : la description précise des prestations que le sous-traitant s’engage à réaliser. Ce point est essentiel pour éviter toute ambiguïté sur l’étendue de son intervention. 

👉 Les conditions financières : le prix, les modalités de paiement, les échéances ou encore les éventuelles pénalités de retard doivent être clairement définis. Cela sécurise autant le sous-traitant que le donneur d’ordre. Ces conditions doivent également contenir une clause d'indexation en cas d'évolution des conditions économiques qui compromettraient l'équilibre du contrat. 

👉 Les conditions d’exécution du contrat : elles incluent les délais, le lieu de réalisation, les modalités d’organisation, et la nature de l’obligation du sous-traitant (obligation de moyens ou de résultat). On y précise également les modalités de livraison : lieu, transport, emballage, etc.

👉 Les sanctions en cas de manquement : par exemple, une réduction du prix en cas de retard dans l’exécution ou une pénalité prévue en amont.

👉 Les modalités de contrôle et de réception des prestations : comment et à quel moment les travaux ou les livrables seront-ils validés ? Cette étape est essentielle pour formaliser la bonne exécution de la mission.

👉 Les garanties du sous-traitant, notamment de paiement. 

👉 La confidentialité : une clause de confidentialité permet de protéger les informations sensibles ou stratégiques partagées avec le sous-traitant.

👉 La propriété intellectuelle : si la prestation implique une création protégée par le droit d’auteur (logo, visuels, livrables techniques, etc.), il est important de définir à qui appartiennent les droits, et dans quelles conditions ils peuvent être exploités.

👉 La clause de lutte contre le travail dissimulé : elle rappelle que le sous-traitant s’engage à ne pas employer de personnel non déclaré et à fournir les justificatifs nécessaires (K-bis, URSSAF, assurances, etc.). Rappelons que pour toute prestation supérieure ou égale à 5000 euros, il s’agit d’une obligation légale, c’est l’obligation de vigilance.

👉 Les modalités de modification du contrat : il est toujours préférable d’anticiper les ajustements éventuels en prévoyant une procédure claire (avenant écrit, accord mutuel, etc.).

👉 La date de conclusion et la date d’effet : ces deux repères temporels permettent d’identifier précisément la période pendant laquelle les obligations du contrat s’appliquent.

👉 Le tribunal compétent et le droit applicable : en cas de litige, ces mentions permettent de savoir à quelle juridiction s’adresser et sous quel régime juridique trancher un éventuel conflit.

Quels sont les risques en l’absence de contrat de sous-traitance ? 

Faire appel à un sous-traitant sans encadrer la collaboration par un contrat écrit, c’est prendre un risque réel. Il ne s’agit pas d’une paperasse supplémentaire inutile qui va finir dans vos archives. C’est un document qui va vous protéger pendant toute la durée de la sous-traitance. 

Dans le quotidien de la mission, un contrat bien rédigé offre un cadre clair entre le donneur d’ordre et le sous-traitant. Il définit les rôles de chacun, les attentes, les délais, les modalités d’exécution… Bref, il évite les malentendus et sécurise la relation de travail.

Mais l’enjeu principal dépasse le seul bon déroulement de la prestation. En tant que donneur d’ordre, vous restez pleinement responsable vis-à-vis de votre client, même si la mission est confiée à un tiers. En cas de problème (retard, malfaçon, non-conformité…), c’est vous que le client tiendra pour responsable.

Sans contrat écrit, vous vous privez de toute base pour agir en retour contre votre sous-traitant. Vous ne pourrez ni prouver ce qui avait été convenu, ni engager sa responsabilité si les choses tournent mal. À l’inverse, un contrat clair vous permet de vous protéger, de documenter les engagements pris, et de faire valoir vos droits en cas de litige.

Vous savez désormais à quel point formaliser un contrat de sous-traitance est essentiel. Ce document juridique vous protège, pose des repères clairs pour chaque partie, et vous permet de travailler en toute sérénité. Il n’est pas là pour complexifier la relation, bien au contraire : il sécurise vos intérêts, et vous évite bien des déconvenues.

Vous envisagez de recourir à un sous-traitant mais vous ne savez pas comment formaliser les choses ? Vous souhaitez vous assurer que votre contrat soit solide, adapté à votre situation, et juridiquement sécurisant ? Je vous accompagne dans cette étape ! Prenez directement rendez-vous en ligne ! 


Sabine Vuillermoz
Avocat au Barreau de Sens

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